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LA PHILOSOPHIE CHEZ GERMINA

Rendre la philosophie populaire.

Slavoj Zizek et l'hypothèse du sujet

zizek-couv

 

 

  Deux lectures des Quatre variations philosophiques de Slavoj Zizek

 

  - Celle d'Arnaud Spire dans l'Humanité. 31 janvier 2011. 

  - Celle de Pierre le Vigan, dans éléments, Le magazine des idées, janvier-mars 2011

 

  Dans Quatre variations philosophiques, Slavoj Zizek reprend un thème qui visiblement lui est cher, celui du sujet cartésien, déjà exploré dans le Sujet qui fâche (2007). En effet, entre les théoriciens de la disparition du sujet, les visionnaires de l’être, les partisans encore actifs de la déconstruction, foucaldienne, derridienne ou autre, les adeptes néo-gnostiques du « dessein intelligent » et les écologistes intégraux, le sujet au sens du cogito cartésien tend à ne plus être pensé. Or si le cogito transparent à lui-même n’est sans doute plus une hypothèse tenable, il n’en reste pas moins que l’homme se pensant lui-même, y compris en excès avec lui-même, reste une hypothèse féconde. Mais le sujet n’est plus souverain comme chez Descartes, et le soi n’est plus le centre du monde. Le je est simplement l’hypothèse nécessaire à la compréhension de soi dans le monde. Avec les Lumières, le je est déjà post-humain : par la fascination pour l’homme-machine, mais aussi parce que les Lumières (pas celles de Rousseau, bien sûr) voient l’homme comme post-pathique, au sens d’au-delà de toute passion, de tout pathos (selon Viktor von Weizsäcker et Erwin Strauss le pathique est ce qui nous affecte).

  Tout l’enjeu du livre de Zizek est d’opérer une critique de la critique du sujet que font les déconstructionnistes. Les critiques de la pensée déconstructionniste ont raison de vouloir sauver l’idée du sujet d’une certaine conscience de soi, mais ils ne peuvent le faire qu’en négligeant les apports de Lacan, comme l’écart entre le sujet et l’ego, de Foucault ou de Daniel Denett. Il faut le dire : l’ouvrage de Zizek est complexe, aux références variées et parfois déroutantes (Samuel Beckett, Orson Welles…) et d’une incontestable difficulté de lecture quant à certains passages (sauf le lumineux dernier chapitre sur l’hérésie numérique). Mais l’ouvrage est stimulant pour tenter de redéfinir l’hypothèse nécessaire du sujet au moment où les prothèses psychiques se développent. Reste que l’auteur aurait pu définir plus précisément la nouvelle figure du sujet. Avançons que le sujet ne saurait être hors du monde, relié seulement a posteriori au monde, qu’il est, comme tout Dasein, jeté d’emblée dans le monde, « hors de ses gonds », que tout Dasein est un étant sous un horizon de sens, et que la question de l’homme comme « seul berger de l’être » reste ouverte, avec notamment la contestation de cette thèse de Heidegger qu’avait développée Medard Boss. On peut aussi penser que, contrairement à ce qu’affirmait Heidegger, la possibilité pour l’homme de voir la terre du ciel ne signifie pas la fin de l’essence de l’homme. Mais ceci est une autre affaire ! 

 

 

 

 

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